Zaros (Ζαρός), situé dans les contreforts sud du Psiloritis (mont Ida), est l’un de ces lieux crétois où l’histoire coule littéralement à travers le paysage. Des sources puissantes jaillissent sous les platanes, un aqueduc romain acheminait autrefois l’eau jusqu’à la capitale de l’île, des moulins du XVIᵉ siècle l’exploitaient pour le travail, un lac artificiel créé en 1987 en a fait un espace de loisirs, et depuis la fin du XXᵉ siècle, les fermes piscicoles de truites ont apporté une tradition culinaire unique.
Voici l’histoire de Zaros – son emplacement et son nom, son aqueduc et ses monastères, les gorges de Rouvas et la forêt de chênes, et bien sûr la fameuse truite servie au déjeuner.
Situation, nom et premières impressions
Zaros se trouve à environ 45 km au sud-ouest d’Héraklion, à 340 mètres d’altitude, au bord nord de la plaine de la Messara. Le village compte environ 1 700 habitants, mais son paysage est grandiose, à la transition entre montagne et plaine. Le sentier de randonnée européen E4 traverse Zaros, les gorges de Rouvas s’ouvrent juste au-dessus, et les cafés de la place continuent de puiser leur eau à la même source que les Romains utilisaient déjà.
Selon l’étymologie populaire, Zaros signifie « l’endroit où l’eau coule en abondance ». Que les linguistes l’acceptent ou non, l’image correspond parfaitement aux cours d’eau et aux vieux moulins que l’on y trouve.
L’aqueduc romain de Zaros
Au-dessus du village jaillissent les sources Vótomos et Stérna. À l’époque romaine, elles alimentaient la capitale Gortyne (à 12–15 km) grâce à un aqueduc couvert. Ce système fournissait bains, fontaines et réservoirs, et fait partie des ouvrages hydrauliques les plus impressionnants de la Crète antique. Des vestiges sont encore visibles aujourd’hui près des sources et à Gortyne.
Eau, moulins et écologie
L’eau de Zaros ne coulait pas seulement vers Gortyne, mais aussi à travers la rivière Koutsoulídis, qui traverse le village pour rejoindre le barrage de Faneroméni. Le long de son lit subsistent des moulins traditionnels, certains datant de l’époque vénitienne. Le même environnement abrite aussi une biodiversité étonnante : platanes, anguilles, tortues d’eau douce et de nombreux oiseaux trouvent refuge dans cette oasis.
Le lac Vótomos
En 1987, le lac artificiel Vótomos a été créé, entouré de platanes, d’aires de pique-nique et de tavernes. Ce projet a relié histoire, écologie et loisirs : les mêmes sources qui autrefois faisaient tourner les moulins nourrissent désormais un lieu de promenade et de détente.
Les gorges de Rouvas et la forêt de chênes
Depuis le lac, un sentier très apprécié mène aux gorges de Rouvas et à la forêt de chênes. Le parcours d’environ 5 km conduit des lauriers-roses et platanes du fond de vallée aux chênes kermès et pins plus en hauteur. Le haut plateau abrite un bosquet symbolique de chênes et d’arbustes. L’itinéraire est fréquenté mais pas saturé et reste praticable toute l’année.
L’eau de Zaros : de la source à la bouteille
Quiconque a déjà mangé dans une taverne crétoise a sans doute vu la bouteille au logo rouge « ZARO’S ». L’eau de source de Zaros a acquis une renommée internationale et a été élue « Meilleure eau en bouteille du monde » en 2017 aux États-Unis. Aujourd’hui, elle est devenue une véritable carte de visite liquide du village.
Truites et tavernes
Zaros est également célèbre pour ses truites, élevées dans les eaux froides des sources de Vótomos. Depuis les années 1970, les tavernes au bord du lac servent des truites fraîches – une rareté sur une île surtout connue pour ses poissons de mer. Ici, on voit le cycle complet : de la source à l’assiette.
Un village resté authentique
Les visiteurs trouvent souvent Zaros particulièrement authentique et préservé. Ce n’est ni un musée ni un décor touristique, mais un village vivant en harmonie avec ses sources. Des ingénieurs romains aux moines vénitiens, en passant par les autorités modernes, tous ont placé l’eau au centre. Résultat : Zaros est resté fidèle à lui-même, un lieu où l’histoire et la nature continuent de s’unir.